Les créatifs culturels
[ou comment faire un article-pavé...]
Mais qu'est-ce que c'est que ces bêtes-là ?
Cela faisait un moment que je voulais faire un article sur ça,
alors cette fois-ci vous n'y couperez pas ! Ah ah ^^" tant pis c'est
tombé sur vous, mais j'espère que ça vous apportera autant d'espoir que
j'en ai eu à découvrir ce mouvement. Vous avez sûrement déjà du
entendre parler du « développement durable » et toutes ses choses-là,
non ? En fait, depuis le début du XXIe siècle, la société a pu voir
émerger une nouvelle sorte de consommateurs s'opposant aux
hyper-consommateurs (les fashions victims quoi ^^). On leur a donné le
nom d'alter-consommateurs. Mais qui sont-ils et que font-il ?
Et bien pour commencer, il faut savoir qu'ils représentent à peu
près entre 15% et 25% de la population mondiale (soit tout de même près
qu'un quart, ce qui n'est pas négligeable !) . Ceci d'après une étude
faite par le cabinet Thema
sur près de 10 000 français et d'après une enquête sociologique auprès
de 100 000 américains dans un livre sortit en 2000 par Paul Ray et
Sherry Anderson : L'émergence des créatifs culturels. Un
autre point important : ne pas confondre alterconsommateurs et
altermondialistes (car comme le dit Eric Fouquier - PDG du cabinet
d'étude Thema - "Il n'est pas nécessaire d'arracher des plants d'OGM
pour se soucier de ce qu'on met dans son assiette…").
Mais
alors, qui sont-il ? On va l'avoir notre réponse ? Oui oui, une minute
! Les alterconsommateurs sont en fait une manifestation d'un autre
groupe émergeant : Les Créatifs Culturels. Répartis
dans tous pays et à tous les niveaux de la société (bien qu'ils soient
en majorité plutôt aisés, on y compte aussi les designers, architectes...), on les reconnait par les principes suivants :
• Ils sont fondalement optimistes en ce qui concerne notre futur et font tout pour l'améliorer.
• Ils sont très préoccupés par l'avenir de la planète, et donc tous les problèmes écologiques.
•
Ils veulent vivre en harmonie avec la Terre et la Nature, prenant
"le meilleur du monde moderne (les technologies, la médecine
moderne...) et du monde traditionaliste (les racines, les liens
familiaux...) et les repositionnent dans une dynamique de changement
positif : le meilleur des anciens mondes, en laissant derrière soi le
pire (la pollution, les armes nucléaires, la pauvreté, la publicité, la
surconsommation...), sans oublier le meilleur des autres temps et des
autres cultures : les médecines orientales pour compléter la médecine
moderne occudentale, le sens du temps des Africains, le savoir de la
pharmacopée des Indiens d'Amazonie." [merci Canopée, magazine de Nature
et Découvertes ^^ *mode pub OFF*]
• Ils sont pour l'épanouissement spirituel et personnel.
•
Ils refusent le matérialisme (surtout la publicité, qu'ils considèrent
uniquement comme un outil leur permettant de réaliser leurs projets, et
non pas comme un objet absolument indispensable qui va révolutionner
leur vie), pour eux une marque ne fait pas une personne. Il ne sont pas
contre les marques, mais ils se méfient simplement des valeurs qu'elles
communiquent. Ils sont respectueux d'elles si elles correspondent à
leur philosophie (par exemple ils achètent Maille - oui oui la moutarde
^^ - car c'est une marque qui mise sur la traditionalité, elle conserve
la même recette depuis des siècles, ne nuit pas à l'environnement,
n'exploite pas des enfants, etc..).
• Ils agissent donc en
fonction de leurs engagements : l'alterconsommation en est un moyen,
mais ils font aussi attention à ce qu'ils lisent ou regardent à la
télé. En règle générale, tout ce que les hyper-consommateurs achètent
ou regardent énormément, eux le sous-regardent ou sous-consomment [et
vice-versa]. Ils lisent différentes presses, regardent des émissions
culturelles, préfèrent le journal de France 3 à celui de TF1 (logique
me direz-vous..), bref ils essayent de varier leurs points de vus et
leurs sources, pour s'enrichir le plus possible culturellement.
• Toutes les notions fondamentales comme le respect des autres, la solidarité, l'entraide,.. leur correspond tout à fait.
Chose surprenante en revanche, malgré le fait qu'ils
représentent près d'un quart de la population, c'est qu'ils se croient
isolés, réduits à un tout petit nombre. Nous avons donc d'un côté la
société moderne très bien structurée et hiérarchisée, et de l'autre les
Créatifs Culturels, émergeant de façon spontanée mais qui, au fil du
temps, on réussit à changer notre vision du monde depuis 50 ans par
leur conscience écologique. Le déclencheur ? "Les premières photos de
la Terre vue du ciel, de cette oasis bleue et fragile au milieu de
l'infini glacé... la Terre : notre maison commune, limitée et
irremplaçable. [...] Ce sera ensuite la preuve scientifique du
réchauffement de la planète, de la montée des pollutions, de la
destruction des espèces, et le moment de réaliser pour la première fois
que l'être humain pourrait disparaitre, qu'il pourrait ne pas y avoir
d'avenir pour nos petits enfants. Les Créatifs Culturels refusent
de vivre dans un monde sans espoir,
sans joie et sans projet. « Dire ce que l'on fait et faire ce que l'on
dit » telle est leur devise." [et encore merci Canopée ^^]
Leur faiblesse ? Comme dit précédemment, ils se croient isolés.
Pour expliquer ça, je crois que je vais citer encore une fois les
paroles d'Eric Fouquier, car elles sont suffisamment claires et
explicites :
[en réponse à la question *Pourquoi voir émerger seulement aujourd'hui ce type de consommateur engagé ?*]
"Le problème est que ce genre de personnes qui ne sont
pas passionnées par les objets de consommation ne répondent jamais aux
enquêtes de consommation ou ne participent pas vraiment aux réunions de
consommateurs. Cette partie de la population est donc systématiquement
sous–représentée‚ voire absente‚ des enquêtes."
[en réponse à la question *Vous voulez dire que la plupart de ces enquêtes sont biaisées ?*]
"En quelque sorte. Nous avons réussi à en isoler environ
15% grâce à la base TGI. Mais rien ne nous dit qu'ils ne sont pas plus
nombreux. Ce que je peux vous dire‚ c'est que les alterconsommateurs
participant à des réunions de groupes sont marginaux. Le plus souvent
ils refusent d'être des "cobayes" de l'industrie. A côté de ces
personnes‚ se trouvent les gens qui participent aux réunions de groupe
pour gagner un peu d'argent. Ces personnes–là sont généralement
volontairement plus conciliantes envers la marque qui commande l'étude.
Tout cela fait que vous n'entendez plus les discours dissidents face
aux marques."
Il y a donc là un véritable problème, car à cause de leur nombre
insuffisant aux yeux des créateurs de marques et &, les entreprises
ne leur prêtent pas (ou peu) attention, jugeant qu'ils ne représentent
qu'une minorité de la population. Espérons donc que bientôt de
nouvelles structures intitutionnelles seront créent, leur permettant de
faire davantage entendre leur voix, et de se rendre compte qu'ils ne
sont pas aussi seuls qu'ils le croyaient.
*Différentes sources*
- Canopée n°3
- Article dans Notre temps
- Site des Créatifs Culturels (attention, english !!)