pauvre monstre
"Arrête ton cinéma !
J'en ai marre de toi !
Tu mérites plus d'être là ! Mais arrête !
Je ne veux plus de toi !
Tu mérites même pas de vivre !
Sors d'ici !
Va t'en !
Je te hais, espèce de monstre !"
J'adore
quand on me dit que l'on m'aime, surtout quand on a 11 ans aujourd'hui
même, qu'on a le même sang que moi, qu'on est haute comme trois pommes,
qu'on hurle de toute ses forces et que qoiqu'il arrive, on est raison
aux yeux des parents.
J'adore ma petite soeur.
J'adore sa façon d'être une petite moi.
Je
n'arrive pas à me détacher de cette idée. Ma soeur, c'est moi, en plus
petit. Elle me vole mon identité. Elle aime ce que j'aime, elle fait ce
que je fais.
Je fais du judo. Clémentine fait du judo.
J'ai fait
du cheval (jusqu'à ce que ma jument décède). Elle continue l'équitation
et ne jure que par ça, alors que moi, dès que le mot cheval revient
dans la conversation, j'ai l'impression qu'on m'enfonce une épée dans
le coeur et que l'on prend plaisir à la faire pivoter.
Elle réussi ce qu'elle entreprant alors que moi j'échoue.
On se souvient du nom Combe parce que Clémentine est passée par là.
"Violaine ? C'était qui déjà ? Ah oui, la soeur de la petite Clémentine. "
Je suis un monstre. C'est elle qui le dit, elle est tellement parfaite, que cela doit être vrai.
Je ne peux que m'effacer.
Personne ne lui a donné tort de m'avoir hurler dessus comme ça.
J'ai 17 ans, elle en a 11 et pourtant, la plus fragile dans cette histoire, c'est moi.
Pauvre monstre.
[Art © by Scott]